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Parcours Inspirants : Abdel Kader Sy répond aux Questions de Camara Mamady

Parcours Inspirants de Fafarafinainfo.com –  Le brillant journaliste sportif mauritanien, Abdel Kader Sy «AKSY», qui est désormais devenu Secrétaire de Rédaction après son départ à la retraite, n’est plus à présenter en République Islamique de Mauritanie, surtout pas aux fidèles lecteurs de «Horizons», Quotidien national d’information. Le doyen AKSY, qui a évidemment inspiré de nombreux jeunes journalistes sportifs, n’a parlé jamais de lui-même, mais a bien voulu accepter de nous livrer les anecdotes les plus insolites de sa brillante carrière. Interview

                «Après deux ans de formation, j’ai été affecté au Journal Horizons autrefois Chaab … »

 Présentez-vous aux lecteurs du site panafricain d’informations générales, Farafinainfo.com ?

Né en 1953 dans la petite et coquette ville de Méderdra, à une soixantaine de kilomètres de Rosso chef-lieu de la régionale du Trarza – frontalière avec la ville sénégalaise de Rosso – deux villes situées sur les deux berges du fleuve Sénégal. Le Trarza tire ce nom d’un Emirat dont le fief est à quelques kilomètres de ma très chère ville natale, Hsey el Mahsar. Cette localité abritait le siège de l’Emirat du Trarza connu pour son opposition farouche à l’invasion étrangère. Bref après l’école coranique, je fus inscrit à l’école française à Saint-Louis du Sénégal. Puis de retour au bercail en 1966, date à laquelle je réussis au concours d’entrée en 6ème au lycée de Rosso. Après le premier cycle secondaire, toute la promotion et celle qui la précédait furent transférées au lycée de Nouakchott devenu lycée national pour le second cycle. Après l’obtention du baccalauréat série Lettres modernes, je fus orienté à la section journalistes à l’Ecole Nationale d’Administration, première promotion de journalistes formés en Mauritanie. Après deux ans de formation, j’ai été affecté au Journal Horizons autrefois Chaab où l’on m’a confié la page sportive en plus du travail quotidien de secrétariat de rédaction. J’ai aussi occupé le poste de chef desk national et de desk sport avant de finir secrétaire général de rédaction jusqu’à ma retraite en 2012. Depuis lors, je suis sous contrat avec l’AMI (Agence Mauritanienne d’Information) qui édite les quotidiens Chaab & Horizons. J’avoue toutefois qu’il est difficile de parler de soi, mais je pense je crois avoir transmis en résumé la modeste carrière d’un de vos fidèles lecteurs.

                           «… Vous avez été un maillon incontournable de la chaine à travers vos écrits, votre engagement et votre honnêteté intellectuelle … »

 Quel regard portez-vous sur Farafinainfo.com ?

Je trouve que c’est un bulletin d’informations qui traite de toutes questions relatives au processus de développement en Afrique. Une mission certes difficile, mais que vous remplissez avec professionnalisme. Il est animé d’une éthique qui respecte à mon humble avis la déontologie de cette profession. Ce qui me prouve que la presse mauritanienne dont vous avez été un maillon incontournable de la chaîne à travers vos écrits, votre engagement et votre honnêteté intellectuelle ; ce qui n’était pas évident à une époque où les «peshmergas» faisaient légion dans le secteur. Maintenant, le contexte a changé, je crois que vous vous sentez à l’aise. La presse a évolué. Timidement. A nous tous acteurs de prendre le train en marche grâce aux progrès technologiques.

 Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de devenir journaliste ?

En réalité, après le baccalauréat, je voulais faire la douane. Mais la commission d’orientation du ministère de l’Education avait choisi de nous verser dans la section Journalistes en nous affectant des professeurs spécialisés dont feu Dr. HABIBOULLAH, M. MITTERAND alors correspondant de l’AFP (Agence France-Presse, ndlr) à Nouakchott, le directeur général de Radio Mauritanie d’alors M. Sidi Ould Cheikh et un coopérant français Gilbert Valette, j’en passe. Notre directrice Mme Turquiya Daddah tenait à nous offrir une bonne formation et des stages pratiques. Avec le temps, j’y ai pris goût. Et c’est parti.

                             «Le travail était lent, salissant et épuisant. On est, par la suite, passé à la … »

Quel est votre plus beau souvenir en tant que journaliste ?

Mon plus beau souvenir, c’est le premier papier que mon rédacteur en chef a retenu pour publication suivi des félicitations d’un doyen écrivain-journaliste M. Djigo Mamadou Yéro alors chef de desk international et d’un autre journaliste sénégalais Nguewane Niane. C’est ensuite que l’on m’a confié la page sportive. Ce qui n’était pas évident dans la mesure où elle était tenue de fort belle manière par le chargé des Expéditions Ba Amadou Daouda. Un autre spécialiste, qui m’a précédé à la rédaction ELBOU OULD TOLBA, m’a épaulé et m’a encouragé dans le reportage sportif en plus du secrétariat de rédaction. Des machines Lynotype, qui fonctionnaient au plomb, étaient les principaux matériels d’impression. Le travail était lent, salissant et épuisant. On est, par la suite, passé à la photocomposition et enfin au net. En un mot, j’ai eu la chance de travailler sur toutes les méthodes d’impression – des plus anciennes à celles de dernier cri. ALHAMDOULILLAH.

                      «Mon chef me fait signe de le suivre dans son bureau. Sans m’inviter à m’asseoir.»

Et le moins ?

Le premier coup d’Etat militaire en 1978 (10 juillet, ndlr). On avait exceptionnellement ce jour-là, bouclé le journal et avions envoyé à l’impression. Le tirage avait commencé.

Quel est le papier que vous avez rédigé dans l’urgence ?

Il y a une vingtaine d’années alors que je me préparais à rentrer à la maison vers 16 heures. Mon chef me fait signe de le suivre dans son bureau. Sans m’inviter à m’asseoir. Il dit : le directeur de l’Elevage t’attend. Il y a une épidémie de rage qui s’annonce. Il y a une chasse publique de chiens. On te réserve une page. Le cœur serré, je file chez le directeur, qui répond à toutes mes questions et me donne des documents et raconte d’autres histoires relatives à mon papier. Au retour, je rédige le papier à main élevée. Je le remets au patron. Ce dernier pressé par le temps me pose une seule question : est-ce que c’est photographié. Oui répondis-je. Tu dois attendre le montage pour corriger ton papier et donner le bon à tirer. Mais vous n’avez pas vu le papier «Moudir» (Directeur, ndrl). Vous êtes aussi bien responsable que moi. A vos risques et périls, a-t-il précisé, attendez le montage. Il est bon le papier m’a-t-il lancé avant la réunion de rédaction du lendemain. Pas de critique. Désormais prends tes responsabilités et n’attends pas que je revois tes papiers. Depuis, j’ai décidé de faire lire mes articles avant de les remettre au patron. La confiance est revenue.

 Quelle est l’interview qui vous a particulièrement marqué ?

Un jour de l’année 80, mon rédacteur en chef, M. Yahafdhou Ould Zein, tout souriant m’interpelle dans la cour de l’actuelle imprimerie nationale, qui abritait les deux journaux Chaab et Horizons, tu dois interviewer le directeur de l’Education physique et sportive pour l’édition de demain. J’ai un peu tiqué parce que c’était mon ancien directeur au lycée national, M. Sèye Cheikh Oumar Tidiane (décédé), qui me connaissait jusqu’au bout des ongles. Je lui vouais tellement un profond respect que je perdais mon vocabulaire devant lui. Sans se retourner, le RCF (Rédacteur en Chef du journal en Français, ndlr) continue son travail, j’ai hésité un moment… Puis j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis présenté devant le directeur dont le bureau la DEPS (Direction de l’Education Physique et Sportive, ndlr) était à moins de 100 mètres du siège du journal. Par hasard, je rencontrai M. SCOT à la porte. «Kadou, ça va ? Où vas-tu avec ta nagra ?» Comprenez la perche est tendue. Sans hésiter, je commençai mon entretien avec le proviseur et non avec le DEPS. Pas de questions longues, mais plutôt précises tout en respectant les règles. Longue interview et félicitations du patron, mais aussi d’autres amis et lecteurs. Des sueurs durant tout l’entretien. Pourtant, j’ai eu auparavant des entretiens avec l’emblématique directeur des Sports M. Moustaph Saleck Kamara devenu par la suite président du Complexe olympique et secrétaire général de l’Association des Comités nationaux olympiques d’Afrique.

                                              «N’importe qui pouvait s’arroger le droit d’exercer le métier.»

Quel regard portez-vous sur la presse mauritanienne ?

Elle est mieux outillée grâce aux progrès technologiques. Elle a, quelquefois, été prostituée par des gens étrangers au métier, qui en font des boutiques, des caisses de résonnance. N’importe qui pouvait s’arroger le droit d’exercer le métier. Je pense, cela commence à se réorganiser et l’on espère que ce sera bien assaini.

 Etes-vous consulté ou pas par les jeunes journalistes sportifs ?

Oui au niveau des rédactions du journal Horizons et l’Agence Mauritanienne d’Information. On me consulte pour la titraille, la relecture des papiers de reportage. Je vais rarement au stade et encore en reportage pour laisser place à la génération montante.

 Comment êtes-vous revenu en tant que secrétaire de rédaction après votre départ à la retraite ?

C’est la Direction Générale qui m’a proposé un contrat pour rester en poste pour appuyer la nouvelle équipe qui me voue du respect. A mon départ à la retraite, le directeur général d’alors était feu Yarba Ould Sghair nous – feu Salah Ould Abeidallah un promotionnaire du lycée jusqu’à l’ENA – a demandé de rester en place.

Interview inclusive – Parcours Inspirants – réalisée par Camara Mamady