Le mois de mars, le mois de la femme, Farafinainfo.com célèbre la gent féminine – Nebghouha Mint Mohamed Vall, ancienne Ministre de l’Education Nationale de la République Islamique de Mauritanie, a rendu son tablier de la présidente du Conseil National de l’Education, la semaine dernière. Raisons invoquée «l’échec de ses efforts déployés pour lancer les travaux du Conseil dans des conditions raisonnables», rapporte Al-Akhbar.
Sa nomination à la tête du ministère de l’Education Nationale a surpris plus d’un Mauritanien. Et ça murmurait dans les couloirs que Nebghouha Mint Mohamed Vall ne ferait pas long feu dans ce département ministériel d’homme, surtout qu’elle ne fera pas le poids face aux syndicats du secteur éducatif. Mais Nebghouha était la belle surprise du Chef plutôt du Président Sidioca (Sidi Ould Cheikh Abdallahi), qui avait assurément à cœur de changer pas mal de chose en République Islamique de Mauritanie durant sa présidence. Elle n’a pas mis du temps pour faire l’étalage de ses talents de bonne négociatrice faisant plier les syndicats nationaux des enseignants du secondaire et annonçant à la presse : «Les examens auront lieu dans le délai prévu. Et toutes les dispositions seront prises pour que cela soit fait dans les meilleures conditions». Invisiblement, la Ministre de l’Education Nationale avait apporté une réponse à la plateforme revendicative des professeurs. Une victoire pour une femme dans un monde supposé «masculin».
Le saut en terrain connu
«J’ai une maîtrise en Economie de l’Université de Nouakchott. Dès l’obtention de mon diplôme, j’ai été engagée au Ministère de l’Economie et de l’Emploi (c’était à l’époque précise-t-elle). Au cours de ma carrière au niveau de ce ministère, j’ai fait une formation pour obtenir un DESS (Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées, ndrl) en évaluation et suivi de projet. Après cette formation, j’ai occupé le poste d’attaché au Conseiller du Premier Ministre chargé des Questions économiques puis je suis revenue au Ministre des Affaires économiques et du Développement pour occuper le poste de Directeur Adjoint de la Programmation et des Etudes jusqu’en octobre 2000. Où, j’ai été nommée Directrice de la Planification et de la Coopération au Ministère de l’Education Nationale. Poste que j’ai quitté début 2004 juste après les élections présidentielles du 7 novembre 2003. J’ai ouvert un Bureau d’Etudes (…) Je me suis spécialisée dans l’éducation alors que ce n’était pas mon objectif premier. Il se trouve que pendant mon passage au Ministère de l’Education Nationale, c’était la période où on faisait le programme décennal, qui était, donc, une réussite dans toute la sous-région. Nous avons été sollicitées dans plusieurs pays de la sous-région pour présenter l’expérience de la Mauritanie en termes de préparation d’un processus de ce type. Nous avons mobilisé assez rapidement le financement alors que d’autres pays, qui avaient fini le processus avant nous, n’avaient pas réussi à mobiliser le financement. Ce qui a fait que j’avais une certaine toute petite réputation dans certains pays de la sous-région. Ainsi, j’ai commencé à travailler sur le secteur de l’Education. J’ai travaillé beaucoup sur le Bénin, un peu sur le Burkina. J’ai travaillé avec la Banque Mondiale au Soudan pour la mise en œuvre d’un Programme sur la région du Darfour dans la perspective de l’après-guerre. Et j’ai, également, travaillé pour la Coopération française sur un certain nombre de thématiques jusqu’à la date de ma nomination au poste de Ministre de l’Education Nationale», a-t-elle dit pour retracer son parcours professionnel dans les colonnes d’AMINA magazine. Comme pour dire que la nomination de Nebghouha Mint Mohamed Vall à la tête du Ministère de l’Education Nationale n’était pas un saut dans l’inconnu, juste un saut en terrain connu, vu son parcours.
Sa préoccupation, c’est l’avenir de la Mauritanie
Qu’est-ce qu’on peut souhaiter à la Ministre, à la tête de ce ministère problématique, qui est le ministère de l’Education Nationale pour finir cette interview ? Et Nebghouha Mint Mohamed Vall de répondre en reformulant cette question : «Pas à moi ! Mais qu’est-ce qu’on peut souhaiter pour le secteur ? Moi, je souhaite pour le secteur que les parents prennent conscience de l’importance des études de leurs enfants, surtout de la nécessité de faire des sacrifices en conséquence et de jouer pleinement le rôle qui est le leur. Parce que l’école ne garde l’enfant que très peu de temps. Le gros des apprentissages se fait en famille. Je souhaite que le personnel éducatif soit très consciencieux dans son travail et qu’il sache que l’avenir de ce pays repose sur leurs épaules (…) Les pays, qui se sont développés, sont des pays qui ont le système éducatif performant et de qualité. Il y va de l’avenir de la Mauritanie». La réponse de Mint Mohamed Vall montre à suffisance qu’elle ne se préoccupe guère de sa propre personne, mais c’est l’avenir de la Mauritanie, qui est sa seule et unique préoccupation.
Camara Mamady
