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Reporter, témoin des faits

Procès du 28 septembre 2009 : Me Amadou Kaba égrène ses craintes !

Farafinainfo.com – Actualités SociopolitiquesMe Amadou Kaba, ancien Bâtonnier de l’ordre des avocats de Guinée et ancien avocat à la CPI (Cour Pénale Internationale), était, ce lundi 03 octobre 2022, l’invité de l’émission «On refait le monde» de nos confrères de Djoma TV pour évoquer l’ouverture du procès du massacre du 28 septembre 2009

«J’ai l’impression qu’on a précipité l’organisation du procès (du 28 septembre 2009), mais cette précipitation, je ne parle pas du moment où les crimes ignobles ont été commis, mais à partir du moment l’intention a été exprimée d’organiser le procès. J’évite d’heurter de nombreuses personnes, qui attendent ce procès, qui ont été usées et abusées par les évènements les plus ignobles et qui constituent l’horreur de notre pays. Des événements qui ne grandissent pas la Guinée, mais qui montrent la Guinée comme un pays monstrueux, c’est regrettable ! Ce procès a une importance telle. Au regard des crimes commis, au regard de l’ignominie, il me semble que pour organiser ce procès, on aurait pu prendre beaucoup plus de tacts. On aurait pu prendre beaucoup plus de précautions pour l’organiser. Je crains qu’il ne soit pas bien organisé. Je crains qu’on ait anticipé l’organisation du procès à ce jour et je crains que les organes judiciaires, qui ont  en charge de juger, n’aient pas la compétence requise», égrène-t-il ses craintes avant de se justifier en ces termes : «A mon humble avis, plutôt de charger une juridiction ordinaire de Dixinn, de Conakry I ou de Mafanco dans l’organisation actuelle de la réforme de la justice de ce procès, j’aurais souhaité comme sous tous les cieux, ça se fait une juridiction ad hoc. Une juridiction spéciale, organisée pour la circonstance et composée de magistrats avertis, aguerris, qui sont presque à la fin de leurs carrières. Parce que l’enjeu est tel, et le crime a été tellement horrible, je crains que le magistrat n’ait pas les verbes, ni le langage, ni le tact, ni l’art, ni la manière d’aborder, à la fois, des inculpés, la partie civile, même l’auditoire. Je le crains. La connaissance doit être doublée d’expériences. L’expérience n’est pas à négliger en matière judiciaire. N’est pas juge qui le veut ! Ces gens-là n’ont jamais fait une cour d’assisse : ils n’ont jamais jugé un crime. Le crime est exceptionnel… »

Hadja Saran Camara