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Reporter, témoin des faits

Procès du 28 septembre en Guinée, Dadis dit à la procureure : «L’internet, ce n’est pas le tribunal ! Laissez tomber les … »

Farafinainfo.com – Actualités Sociopolitiques – Moussa Dadis Camara – ancien Chef de la junte militaire, CNDD (Conseil National pour la Démocratie et le Développement) et ex Chef d’Etat – a comparu devant le tribunal criminel, ce lundi 19 décembre 2022, dans le cadre du Procès des massacres du 28 septembre 2009 pour répondre aux questions du ministère public particulièrement aux questions de Djenè Cissé, procureure. 

«Merci Madame ! En toute sincérité, en âme et conscience, des Guinéens ont perdu la vie (…), c’est pour cette raison d’ailleurs, que je me suis toujours battu par la grâce de Dieu que lumière soit faite devant tout le peuple de Guinée», laisse entendre l’ancien homme fort du CNDD en répondant à cette question de Madame le procureur : «M. Camara, j’aimerais savoir ainsi que le tribunal, est-ce qu’en âme et conscience, vous croyez sincèrement que des Guinéens ont perdu la vie ?» «Est-ce que vous croyez qu’il y a eu des tortures au stades ainsi que dans les camps militaires ?» Et Moussa Dadis Camara de répondre : «En toute sincérité, on en parlait, la presse en parlait qu’il y avait des tortures». La procureure relique : «Ce qui établit que c’était vrai ? », l’ancien Capitaine –Président répond par l’affirmatif : «Oui lorsque la presse en parle, des informations. Ces informations étaient-elles  vraies ou fausses ? De toute façon, moi j’apprenais à la radio, en toute sincérité». La procureure pose cette question : «Est-ce que vous croyez aux faits de pillage perpétrés dans plusieurs quartiers de Conakry ?», Moussa Dadis répond tout en reconnaissant qu’il a eu d’autres cas : «Oui, les gens parlaient aussi des faits de pillage. Il y a eu plusieurs cas, à un moment donné, j’étais obligé d’intervenir. Les gens parlaient des cas de pillage». Et la procureure d’enfoncer le clou : «Donc vous croyez à la thèse que les gens ont perdu, les personnes ont été torturées, il y a  eu des pillages, des agressions sexuelles de toutes ses formes, des viols, vous croyez à tous ces faits ?», «Madame, je dis clairement et je réitère, il faut être un Satan pour dire qu’il n’y a pas eu des cas de mort au stade (28 septembre)», laisse-t-il entendre.

«Je voudrais que ma culpabilité soit tangible»

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Satisfaite la réponse de l’ancien Chef d’Etat, la procureure tente de conclure : «Donc, si vous croyez réellement qu’il y a eu ces faits pendant que vous étiez Président de la République, est-ce que ça doit surprendre quelqu’un aujourd’hui de voir les victimes dans cette salle ? ». Dadis dit en répondant à cette question : «Ces victimes, je ne connais pas Madame Asmaou Diallo», et la procureure relique pour dire : «Pas elle !» (pour ne pas personnaliser la question». Moussa Dadis Camara poursuit sa réponse : «ça ne doit pas surprendre, mais c’est au tribunal de vérifier les versions des uns et des autres. Je n’ai pas dit qu’on doit mettre en doute les versions des victimes. A ce niveau, le droit pénal, ce ne sont pas des hypothèses, ce sont des preuves. Moi, je suis là pour des faits de complicité devant le tribunal criminel, je voudrais que ma culpabilité soit tangible. C’est ce que je cherche (…) Je n’ai pas l’intention de fuir les questions, mais dans le contexte que je suis, je voudrais que ma culpabilité soit tangible». La procureure dit à Moussa Dadis Camara : «Saviez-vous qu’on vous traite de dictateur ?» Le président du Tribunal qui assure la police intervient et dit : «Madame le procureur pas de terme péjoratif !». La procureur de poursuivre sa série de questions : «Saviez-vous qu’on qualifie votre régime d’un régime répressif, la population était oppressée, les citoyens étaient arbitrairement arrêtés (…) ? ». Et Dadis de répondre : «Madame, je comprends et je vais vous dire que Capitaine Dadis ! Si vous ne pouvez pas le reconnaître, ce que le Capitaine Dadis a fait dans votre pays, en onze mois, personne ne l’a fait. Ce pays-là appartient à nous tous ! Vous voulez me faire croire à quoi en parlant de dictateur ! Si vous ne dites pas la vérité, c’est que c’est une frustration ! Dites la vérité, on est devant l’histoire ! Le Capitaine Dadis a été patriote, c’est son patriotisme qui a fait aujourd’hui qu’il est devant ce tribunal». Et la procureure d’affirmer : «Mon Capitaine, vous pouvez vous calmer, ce que j’ai dit c’est sur l’internet !». Capitaine Dadis répond sans ambages : «L’internet, ce n’est pas le tribunal ! Laissez tomber les réseaux  sociaux ! On est devant un tribunal criminel. Laissez tomber les faux problèmes des réseaux sociaux ! C’est  l’internet qui va résoudre les problèmes ici ? Laissez tomber ça, Madame ! » Et la procureure de poser une question qui a mis Moussa Dadis Camara dans tous ses états «Pendant que vous étiez pilote de la République, pendant que vous étiez Commandant en Chef en Guinée, Chef d’Etat, vous cumulez les trois fonctions à l’époque ?». M. Camara «Lesquelles ?». La procureure tente de repriser sa question : «Les fonctions de l’exécutif, législatif et judiciaire, donc expliquez-nous pourquoi à l’époque vous étiez comme un procureur de la République, vous arrêtez les gens, en juin 2009, il y a des magistrats qui se sont soulevés contre votre façon de gérer le pays». Moussa Dadis Camara coupe court à la question et s’énerve en rappelant : «Ecoutez Madame s’il vous plait, je vais simplement vous dire, l’histoire me donne raison ! Ce que j’ai fait au Palais du Peuple, voilà le résultat ! Ces jeunes qui étaient à l’université (montrant le tribunal) c’est le résultat ! Le Capitaine Dadis est un patriote. Ce jeune président du Tribunal est le résultat qui est devant nous aujourd’hui. Je ne regrette pas l’acte qui s’est passé au Palais, car Dieu m’a déjà récompensé.» Malgré la colère de l’ancien Chef de la junte Le président du Tribunal Tounkoura ne manquera pas de calmer la procureure et l’accusé Dadis tout en rappelant à ce dernier qu’il se trompe de personne, car eux étaient d’ores et déjà magistrats en 2009.

Hadja Saran Camara