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Reporter, témoin des faits

Projet de loi sur les violences faites aux femmes et aux filles en Mauritanie: Pendant que le Parlement radote, les femmes subissent (Mariem Derwich)

Les années s’écoulent et l’avant-projet de loi sur les violences faites aux femmes et aux filles s’enfonce dans les arcanes d’une société, dans un labyrinthe pseudo intellectuel et pervers savamment orchestré par les opposants à une loi qui protégerait les femmes en tant que tout et partie (combien douloureux pour les victimes que ce « jeu » de poker menteur sur le dos des multiples atteintes à la sécurité des femmes et des filles), mémoire oublieuse des droits et des devoirs de chacun.

« Équilibre » subtil entre blablas sémantiques et assaisonnés à la sauce religieuse ( et je ne parle pas là de religion mais bien de sauce religieuse) et fantomatique « volonté » politique qui repousse aux calendes grecques l’adoption, enfin, d’une loi vitale, nécessaire, obligatoire pour la protection des femmes en Mauritanie.

Les opposants à ce projet de loi qui traîne dans les couloirs et commissions de l’Assemblée Nationale depuis des années ont bien compris que l’adopter revient, de fait, à nous interroger sur le pourquoi d’une telle loi devant protéger les femmes dans un pays où le religieux ( et non pas la religion, la différence est de taille) est inhérent à chacune des actions et codifie tout comportement que ce soit dans la sphère privée que dans la sphère publique. Et que cela reviendrait à oser (enfin!) interroger une religiosité (et non pas la religion) captée depuis des siècles par ceux qui ont fait du Fqih le tout, au détriment du Livre…

Grand écart permanent dans nos sociétés musulmanes, où l’Islam est religion d’État et où penser les droits des femmes est souvent perçu par les tenants purs et durs du fqih comme une atteinte au sacré.

Pour ces tenants « purs et durs » les droits des femmes ne sont, d’abord et avant tout, que la mise en oeuvre d’un corpus des droits et des devoirs des femmes ( dans une soumission à une image masculine toute puissante)et ce corpus est censé protéger ces mêmes femmes ( le patriarcat comme protection féminine absolue?) et, donc nul besoin d’une loi pour défendre ce que ce corpus défendrait déjà. Et ce débat, ils n’en veulent pas.

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Bref… Le serpent qui se mord la queue et qui occupe le vide laissé par les débats qui auraient dû prévaloir au tout début (au commencement d’une question n’y a t’il pas une question?).

Mais, en attendant, les années passent et le projet de loi en est toujours au stade du…projet.

Sur le dos des femmes, citoyennes à part entière (égalité reconnue par notre Constitution) mais qui ne bénéficient pas des mêmes droits quand aux atteintes physiques et/ou morales dont elles sont victimes.

Pendant que le Parlement radote les femmes subissent.

 Mariem Derwich, Journaliste –Chroniqueuse