«QUAND TU NE SERAS PLUS LÀ» – Un titre plus qu’évocateur du livre du doyen Mohamed Sneiba, un Journaliste pas comme les autres. Cette grande signature de la presse africaine a su se projeter dans le temps pour prédire sous sa plume éclairée la future vie d’un Président après la fonction présidentielle. Et les faits de l’actualité sont en train de lui donner raison…
La Rédaction de Farafinainfo.com partage le plaisir de lire ce livre avec ses lecteurs …
QUAND TU NE SERAS PLUS LA.
6. Pour ceux qui désespèrent d’une victoire (possible) de l’opposition, le choix est entre remodeler notre démocratie, avec Ghazouani, ou bien retomber dans un nouvel âge des Ténèbres. Le règne des idéologies. Une voie mène le pouvoir de l’Etat vers l’individu; l’autre menace de le réduire à néant. Alors, rien, dans un avenir prévisible ne va arracher le fusil (le Savoir des intellos, l’Argent des hommes d’affaires, la pression de la Tribu et des Cercles idéologiques) des mains de l’Etat ! Rien n’empêchera celui-ci de drainer les richesses intellectuelles et matérielles et d’en disposer pour ses propres fins, en vue d’accroître encore et encore son autorité. Mais ce qui changera probablement, c’est l’aptitude de l’Etat à contrôler les velléités de conquête de ses composantes essentielles : Administration, Savoir, Argent et Tribus. Toi qui connais les tours et contours du Système, pour avoir tenu le gouvernail durant ces dix dernières années, tu devras aider ton Successeur à éviter les écueils.
Certes, avec toi, la « nouvelle » démocratie prospère et se nourrit d’une expression plus libre, de meilleures rétroactions entre gouvernants et gouvernés, d’une plus large participation populaire aux décisions mais peut-elle, en présence d’un parti de la Majorité ressoudé, produire un gouvernement moins bureaucratique que celui actuel de Mohamed Salem Ould Béchir, plus décentralisé, plus souple ? Peut-elle, cette démocratie, engendrer une plus grande autonomie pour l’individu, provoquer un glissement qui éloignera le pouvoir de l’Etat-parti – ou du Parti-état – non pas pour le faire « sécher sur pied » mais pour l’humaniser ?
Sous une forme ou une autre, la Majorité réorganisée détiendrait, virtuellement, la production et la distribution des rôles à l’ère-post-« azizienne », c’es-à-dire qu’elle pourrait recréer aussi un système de vases communicants qui saignerait à blanc les autres formations politiques. Ce sera alors un irrémédiable « weïlemak yel warrani » qui phagocyterait partis établis et « partillons » naissants.
Même l’Alliance populaire progressiste (APP) de Messaoud, qui a pourtant un statut particulier avec le pouvoir, pourrait ne pas être épargnée par la vague déferlante du nouveau parti présidentiel si, comme on le laisse entendre, tu décides d’en être le Chef. Le « avec moi ou contre moi », brandi lors des dernières élections, pour dissuader les mécontents de l’UPR de se présenter au nom d’autres formations de la majorité, est encore présent dans les esprits.
Nos peurs sont donc amplement justifiées : les forces qui sont à l’œuvre pour restaurer le pouvoir monopolistique du Parti-Etat sur les esprits sont celles-là même qui ont perdu Ould Taya ! Elles te perdront aussi si tu relâches ta garde avant de t’assurer que ta succession, déjà engagée, ne rencontrera aucune résistance comme celle qui t’avait obligé à contourner le sénat en recourant à l’article 38.
Mohamed Sneiba – Journaliste – Écrivain et Blogueur