OPINION. Les hôpitaux sont des entités importantes des systèmes de santé. Cependant, les hôpitaux publics guinéens font face à de nombreux défis notamment les plateaux techniques dégradés, une gestion selon une logique administrative sans référence à la performance, des soins chers et inadaptés, des consultantes payantes sans reçus, une complicité orchestrée entre médecins et infirmiers érigés en point de vente de produits pharmaceutiques.
Pour éviter de vivre un cauchemar, priez que votre enfant n’ait un souci de santé susceptible de vous conduira au service pédiatrique du CHU IGNACE DEEN tellement que le dispositif ‘accueil et de prise en charge est écœurant voire triste surtout les weekends, une puanteur de détraquement total.
Les mêmes réalités dégradantes se retrouvent dans tous les services. Pour ceux de l’intérieur du pays, la situation est encore pire.
À la lecture du serment d’HIPPOCRATE qui dit ceci : “Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. “ Voyant le comportement du personnel de santé, on tombe des nues !
Dans sa dynamique de refondation et de rectification institutionnelle, le Général Mamadi DOUMBOUYA, doit jeter son dévolu sur la réforme profonde sans complaisance du système de santé guinéen ; il y laissera son nom à la postérité.
Et réussir cette réforme nécessite des efforts titanesques vu l’ampleur de la corruption qui gangrène cet environnement. Sinon, comment comprendre qu’au sein d’un établissement public, un médecin vienne installer impunément des appareils (radiographie et autres) à son compte pour des prestations payantes ?
Aussi revient-il au médecin de fixer de fixer le tarif des interventions ?
La situation de nos hôpitaux publics est critique, leur gestion inquiète plus qu’elle ne rassure. Alors que font les autorités (ministre de la Santé, inspecteurs et différents directeurs…) en charge de notre système de santé ? Leur nomination sert à quoi si ce n’est que meubler les bureaux…
Les hôpitaux publics guinéens exceptés en partie le CHU DONKA dans sa nouvelle forme de gestion, se caractérisent par une faiblesse de leurs performances.
À tout moment, on vit des scandales liés tantôt à des décès qu’on aurait bien pu éviter, tantôt à des vols de bébés, des décès de femmes en couches, des décès de bébés prématurés pour faute d’électricité, tantôt à la non célérité dans la prise en charge des patients même quand il s’agit des cas d’urgence, de décès de patients diabétiques par manque de lits pour le soin des plaies diabétiques (toute la République de Guinée, il n’ y a que deux lits pour la prise en charge des plaies diabétiques). Surprenant déficit de collaboration et de communication entre le service de diabétologie et celui de la néphrologie du camp Camayenne où très souvent les patients sont refoulés et pris au piège de la mauvaise foi des praticiens de deux services.
Le Plan National de Développement Sanitaire 2015 -2024 dans son résumé, écrit ceci :
Depuis une trentaine d’année, la Guinée a une tradition d’organisation de son système de santé basé sur les soins de santé primaires et le district de santé. Ce système a amélioré la disponibilité et l’accessibilité des prestations essentielles de santé à un moment donné.
Malgré ces acquis, l’analyse récente de la situation du secteur a montré des contre-performances. Un affaissement de la gouvernance du système de santé et un cadre macroéconomique timide frappé de plein fouet par l’épidémie de maladie à virus Ebola (MVE) qui a sévi dans le pays courant 2013, cette triste réalité devrait être un tremplin pour étoffer notre système de santé en termes d’infrastructures, de renforcement de capacités, de recrutement, d’organisation, de management.
La faible performance de notre système de santé dans ses six piliers fondamentaux doit amener les autorités en premier lieu le Président de la Transition Général Mamadi DOUMBOUYA à s’inscrire dans la dynamique d’améliorer la performance des structures hospitalières. Il s’agit spécifiquement de mesurer l’efficacité clinique, l’efficience des services, la gouvernance réactive ainsi que la sécurité du personnel et des patients.
Nos hôpitaux ne doivent plus être gérés selon une logique administrative hasardeuse sans référence à la notion de performance, nous devrons impérativement sortir des pratiques controversées, des soins inappropriés où le médecin encaisse l’argent, oriente le patient vers sa clinique ou dans une clinique où il exerce, l’infirmier (e) vendeur de produits pharmaceutiques.
Le monde avance de façon irréversible, l’idéal voudrait que l’on s’aligne sur les pratiques de management pointu en procédant au déploiement des outils suivants : Un système d’information de gestion hospitalière
Un système d’information médico-administratif
Un système d’information médical
Un système d’information médico-économique
Un système d’information Hospitalier permettant de couvrir toutes les fonctions d’un établissement hospitalier.
Ces outils offrent l’opportunité de stocker et de partager l’ensemble des informations d’un établissement hospitalier, et d’en extraire des données fondamentales pour l’élaboration des registres nationaux et pour l’essor des outils d’aide à la décision.
Aux conseillers du CNT, la commission santé, initiez une proposition de loi portant sur la réforme hospitalière et celle relative à l’organisation et au fonctionnement des établissements publics de santé.
La transformation structurelle et institutionnelle des hôpitaux publics est un impératif où la notion de performance doit se substituer à la logique administrative. La relecture du statut de fonctionnaire des médecins est plus que nécessaire parce qu’on ne peut être fonctionnaire et exploiter une clinique privée ou laboratoire privé.
La création d’organes délibérant (un conseil d’administration dans lequel vont siéger les représentants du personnel et des usagers) et consultatifs (commission médicale d’établissement et comité technique d’établissement) destinés à favoriser la concertation interne et à mieux associer le personnel et le corps médical à la gestion de l’hôpital et aux orientations stratégiques des futurs projets d’établissement.
Le renforcement du rôle et des pouvoirs des différentes directions des hôpitaux devait contribuer à cette évolution, aussi le recentrage du rôle de l’État sur ses missions de service public et sur l’exercice de la tutelle, en utilisant les outils de contrôle et de régulation à sa disposition ou en les améliorant sont autant d’éléments favorables à la prééminence de la qualité des soins au moindre coût en tenant compte des diverses expressions de la demande.
En somme, l’amélioration de la performance doit être au cœur du projet de réforme des hôpitaux guinéens.
Et pour terminer, Faut-il être forcément médecin pour la fonction de ministre de la Santé ?
D. Mohamed KEITA
ECONOMISTE
Tél : 622 03 54 79
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