Macky Sall, Président de la République du Sénégal, «se paie un avion à plus de 59 milliards» et «survole les urgences du peuple», selon certains confrères sénégalais. Ses opposants critiquent ouvertement et vertement l’achat d’un nouvel avion. Les leaders de la société civile ne sont pas du tout en reste.
L’ancien Premier Ministre et banquier, Abdoul Mbaye, est l’un des premiers sénégalais à évoquer le prix du nouvel avion présidentiel en ces termes: «Le prix de l’avion de Macky Sall suffit pour remplacer tous les abris provisoires en classes construites en dur par des maçons sénégalais. Education, milliers d’emplois et solutions au déficit de balance de paiement sont donc sacrifiés pour le confort luxueux de notre président». Et cet économiste devenu homme politique de s’étonner «Je n’ai pas les mots pour qualifier l’achat par le Sénégal d’un nouvel avion de commandement pour Macky Sall révélé après le retour d’un sommet où il s’est plaint de dette insupportable dont il cherche l’annulation et de déficit budgétaire contraignant. Le Sénégal est vraiment à plaindre».
«Pleurnicher pour l’annulation d’une dette et acheter… »
Le député et président du Pastef, Ousmane Sonko, n’est pas en reste et a mis à profit son intervention lors du colloque international de Lomé portant sur l’avenir du Franc CFA pour lancer des piques vers le camp présidentiel. «Que nos Chefs d’Etat identifient de mauvaises priorités d’investissement, qui coûtent un endettement extrêmement lourd pour le pays, revenir ensuite pleurnicher pour l’annulation de cette dette et à coté, aller, en moins de 10 ans, deux avions de commandement. Ça, ce n’est pas la responsabilité de la monnaie, je suis désolé, il faut l’assumer également », rapporte nos confrères du site senego.
«Il était temps de remplacer l’A319 de la présidence»
Contrairement aux opposants du régime Macky Sall, Oumar Gueye, ministre porte-parole du Gouvernement a justifié l’achat du nouvel avion: «Il était temps de remplacer l’A319 de la présidence», rapporte Rfi tout en rappelant qu’un appareil acquis en seconde main en novembre 2010 et mis en service en mars 2011 après deux décennies d’opérations, «l’avion présidentiel baptisé la Pointe Sarène «est devenu vétuste» justifie ce ministre porte-parole dans un communiqué, «nécessitant de fréquentes et onéreuses visites techniques, et par conséquent de longues périodes d’immobilisation». Autant dire sans ambages qu’à peine dans les airs, le nouvel avion du président Macky Sall a fait couler beaucoup d’encre dans la presse sénégalaise et de salive de ses opposants.
Hadja Saran Camara