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Sénégal : La DPG du PM Ousmane Sonko suscite le débat, les politiques en parlent !

Farafinainfo.com – Actu Sociopolitiques Sénégalaises – Ousmane Sonko, Premier Ministre Sénégalais, doit-il faire sa Déclaration Politique Générale devant les députés dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale  ou pas. Voici le débat qui fait saliver les politiques et autres acteurs de la société.  

Diagne Madiambal, Journaliste : «Ousmane Sonko annonce son coup d’Etat pour le 15 juillet 2024. Il a osé écrire : ‘’En cas de carence de l’Assemblée, d’ici le 15 juillet 2024, je tiendrai ma Déclaration de Politique générale devant une assemblée constituée du peuple sénégalais souverain, de partenaires du Sénégal et d’un jury composé  d’universitaires, d’intellectuels et d’acteurs citoyens apolitiques. Ce sera l’occasion d’un débat libre ouvert et, à coup sûr, de qualité largement supérieure».

Alioune Tine, militant des Droits humains : «La Déclaration de Politique Générale est un rituel auquel se soumet un Chef de Gouvernement pour décliner son programme , sa feuille de route, devant les élus du peuple, c’est un acte politique de transparence dans la bonne gouvernance.

En période normal ça ne pose pas aucun problème, mais nous sommes dans une transition assez spéciale, après un processus électoral complexe, avec des dysfonctionnements sérieux des têtes et des institutions, mais a permis l’élection de nouvelles autorités politiques, sans majorité à l’Assemblée nationale.

Cette situation politique n’est pas nouvelle, on l’a connu en 2000 et en 2012. Dans les deux cas la majorité à l’Assemblée nationale a pris acte de la nouvelle légitimité des autorités politiques, créée par l’élection présidentielle de Wade et de Macky pour jouer le jeu d’une « courtoisie républicaine  » qui consiste à accompagner les nouvelles autorités. Une espèce de tradition pendant les transitions de cette nature.

 Alors pourquoi tant de bruits et de fureurs pour une question qu’on a l’habitude de régler, ou il y’avait un consensus et un accord tacite des auteurs. Bref un bonne pratique.

Le problème qui se pose ici, c’est le vide juridique causé par la suppression du poste de PM en 2019. Ce vide a été signalé depuis 2022, a fait l’objet de débats houleux les députés en ont longuement discuté, mais n’ont jamais tiré les conséquences politiques et législatives idoines pour mettre à jour leur règlement intérieur car personne ne peut le faire à leur place.

Alors-la première mesure raisonnable en ce moment c’est de s’accorder pour pour restaurer l’ordre législatif normal avant toute chose et dans les meilleurs délais et d’avancer.

Une fois-là l’égalité restaurée, le PM Ousmane Sonko doit se soumettre à cette épreuve politique qualifiante, une tradition républicaine et démocratique, un rituel institutionnel majeur. Enfin la majorité parlementaire dominée par l’opposition doit faire jouer aussi la tradition de la courtoisie républicaine en prenant acte que le projet qui sera présenté a été validé par 54% des Sénégalais, et d’accompagner les nouvelles autorités. On engage un bon débat démocratique, contradictoire mais sans motion de censure. Il est tant de changer la façon de faire la politique. Il faut commencer par respecter la loi, car la démocratie a commencé par le respect de la loi. Il faut tourner la page de 12ans de laisser-aller et de banalisation de la loi, de Constitution et des institutions. Il nous faut nous engager dans une ère de rigueur pour redonner à la politique sa crédibilité et sa noblesse».

 

Déclaration de politique générale : faut-il « fusiller » nos politiciens, Sonko en premier ?

En décembre 2023, les mêmes députés de Yewi, sous la houlette de leur mentor, avaient pourtant déposé une motion de censure contre le gouvernement d’Amadou Ba en faisant fi du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, ils veulent légitimer une forfaiture en convoquant ce même règlement intérieur pour tirer d’affaires un Premier ministre qui, en vérité, n’a pas de projet de gouvernance à défendre.

Dans quelques jours, le Premier ministre aura épuisé son délai de grâce pour un exercice alléchant que chaque chef de gouvernement prépare et franchit avec le sentiment d’avoir rassuré ses compatriotes par la délivrance d’un discours et des orientations claires explicitant le projet de société de son gouvernement. Le seul Premier ministre à briller par ses discours contradictoires, le seul à avoir vendu un projet qui n’existe que dans l’imagination de son auteur, est désormais disqualifié par le législateur.

En effet, en sus de l’article 55 de la Constitution, le règlement intérieur instruit les parlementaires de ne plus le reconnaître comme Premier ministre et de ne pas recevoir sa déclaration de politique générale (DPG), synonyme de serment. Toute une décennie durant, il a décrié la majorité mécanique du médiocre camp présidentiel d’alors. Normal, me dira-t-on, mais aujourd’hui, sa minorité parlementaire l’exaspère. Ses calculs politiciens le rattrapent et montrent sa véritable nature.

Quand le populisme et le mensonge sont légion dans un discours politique, cela engendre une succession de faits irréels qui sont de nature à tromper le peuple pour un temps bien déterminé. Mais ils ne tromperont pas le peuple tout le temps.

Par Bougane Guéye Dany

Président du Mouvement Gueum Sa Bopp « les jambaars »

 

Thierno Bocoum : «Une DPG en dehors de l’Assemblée nationale serait un précédent dangereux et une atteinte grave aux institutions de la République.»

 

Abdoul Mbaye, ancien Premier Ministre : «Évitons au Sénégal fort de sa troisième alternance une crise institutionnelle inutile. La coutume de la Déclaration de Politique Générale doit être respectée au moins comme tradition républicaine et davantage comme obligation constitutionnelle. Le Sénégal est une démocratie représentative. Le Gouvernement doit respect au Peuple et donc à sa représentation. Privilégier la démocratie directe est un faux fuyant ou un leurre. Lorsque l’on s’adresse à sa représentation le Peuple reste témoin et juge.»

 

Mimi Touré, ancienne Ministre de la Justice & Première Ministre : « Une déclaration de politique générale devant une Assemblée nationale qui ne reflète pas la volonté populaire n’a aucun sens.  L’actuelle Assemblée nationale ne reflète en rien la volonté populaire exprimée le 24 mars dernier. Le candidat de la Coalition Benno Bokk Yakaar artificiellement majoritaire à l’Assemblée nationale Amadou BA a été battu dès le 1er tour en collectant que 35% des suffrages. Pourquoi le Premier ministre devrait présenter une déclaration de politique générale devant une Assemblée nationale qui n’a plus aucune légitimité?

La volonté de changement des sénégalais a été nette et franche en élisant le Président Bassirou Diomaye Faye à 54%. Donc que l’on aille résolument vers la dissolution de l’Assemblée Nationale dès le 31 juillet et qu’une nouvelle Assemblée nationale soit élue et alors la DPG du Premier ministre aura du sens, il présentera alors la vision et les perspectives de son gouvernement à des députés légitimement élus pour les cinq prochaines années ».

 

PM Ousmane Sonko répond Honorable député Guy Marius SAGNA,

«J’ai bien reçu votre interpellation, à propos de la déclaration de politique générale du Premier Ministre, qui appelle de ma part les réponses et précisions ci-après.

 

  1. Ma déclaration de politique générale (DPG) est prête, et je vous réitère toute mon impatience à tenir cet exercice de présentation des grands axes des politiques publiques et de l’action du Gouvernement suivant les orientations du Président de la République.

 

  1. l’article 55 de la Constitution oblige le Premier ministre à faire sa DPG devant l’Assemblée nationale sans préciser les délais et la procédure qui relèvent du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale (loi organique n° 2002-20 du 15 mai 2002, modifiée).

 

  1. Les dispositions du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui fixaient les délais et la procédure de la DPG, ainsi que toutes références au Premier ministre, ont été abrogées de la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale depuis 2019, suite à la suppression du poste de Premier ministre (loi organique n° 2019-14.

 

  1. Le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale en vigueur ne tient pas compte du Premier ministre puisqu’il n’a pas été actualisé suite à la restauration du poste de Premier ministre par la loi n°2021-41 du 20 décembre 2021 portant révision de la Constitution

En conséquence, dans un souci constant de respect de la séparation des pouvoirs et du principe de légalité, je ne tiendrai ma DPG devant cette Assemblée qu’une fois que la majorité parlementaire se sera amendée en réinscrivant dans le règlement intérieur l’ensemble des dispositions relatives au Premier ministre.

En cas de carence de l’Assemblée, d’ici le 15 juillet 2024, je tiendrai ma Déclaration de Politique générale devant une assemblée constituée du peuple sénégalais souverain, de partenaires du Sénégal et d’un jury composé d’universitaires, d’intellectuels et d’acteurs citoyens apolitiques. Ce sera l’occasion d’un débat libre, ouvert et, à coup sûr, de qualité largement supérieure.

Jub – Jubbal – Jubbanti».

 

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