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Traitement des déchets hospitaliers en période de pandémie en Algérie : La santé des citoyens en danger

Enquête Farafinainfo – Plusieurs hôpitaux déversent leurs déchets en pleine nature, au lieu de les éliminer correctement exposant, ainsi, la vie des citoyens à un grand risque pour leur santé. Un véritable scandale !

Par Chahreddine Berriah 

Selon des statistiques étatiques, avant la pandémie du Covid-19, les établissements sanitaires algériens génèrent annuellement environ 36 000 tonnes de déchets hospitaliers.

Le professeur à la retraite Abdelkrim Soukehal, Spécialiste en épidémiologie, médecine préventive et hygiène, et consultant chez «Medicatech», une entreprise spécialisée dans la fabrication, importation, distribution et maintenance de matériel médico-chirurgical, a estimé que «les déchets hospitaliers à risques infectieux est un réel problème pour les établissements sanitaires et la santé publique en Algérie».

Il faut noter qu’en Algérie, dans plusieurs hôpitaux, les déchets hospitaliers sont traités avec l’ancienne méthode qui consiste en l’élimination avec l’incinération qui “n’est pas très efficace” selon le Professeur qui avait indiqué qu’en 2017 «l’Algérie, avec une entreprise française,  va monter des Sterilwave (des machines de traitements des déchets hospitaliers) est une solution innovante et une alternative pour réduire le risque de contamination lié aux déchets hospitaliers par rapport à l’incinération et à la mise en charge».

Dans la réalité, tous les hôpitaux n’en ont pas bénéficié.

A Tlemcen, dans l’ouest algérien, les habitants, particulièrement les riverains, expriment leur colère depuis une dizaine d’années à cause de la fumée toxique qui se dégage de la cheminée du brûleur du centre hospitalo- universitaire (CHU).

Dans une pétition,  adressée aux autorités locales (document dont nous détenons une copie), ils dénoncent “ l’état d’insalubrité dans lequel respire leur quartier, ainsi que la dégradation de l’environnement et du cadre de vie de ses habitants ».

La décharge publique est également mise à l’index « les déchets ménagers sont incinérés d’une manière sauvage. La fumée nauséabonde est suffocante, favorisant ainsi la prolifération des moustiques et des rats, de véritables conducteurs de maladies. Le danger est réel sur la santé des habitants, d’où un risque potentiel de contracter des maladies infectieuses et respiratoires, des maladies de la peau et autres allergies ».

L’universitaire Hadjira Larabi,  qui s’est intéressée à l’étude synthétique sur la gestion des déchets hospitaliers au niveau dudit CHU, a indiqué « On constate encore dans la zone d’incinération l’utilisation de sachets poubelles non conformes ni au code couleur ni aux qualités de conditionnement requises. En outre, les autres types de déchets comme les déchets anatomiques ou les déchets toxiques ne sont pas du tout conditionnés dans le respect de la règlementation. L’incinération continue de se faire dans des conditions peu satisfaisantes à cause de la vétusté des incinérateurs, ce qui cause des désagréments pour les patients, les riverains… »

En effet, sur les lieux, on a constaté de visu que l’hygiène n’est apparemment pas la priorité des responsables de l’hôpital. A certains endroits, les poubelles sont éventrées laissant apparaitre des seringues, des pansements usagés, des boites de médicaments et des sachets de sérum à même le sol.

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« Nos agents de nettoyage font leur possible pour assurer leur fonction comme il se doit, mais nous travaillons selon nos moyens et les citoyens, notamment les visiteurs doivent aussi protéger l’environnement en respectant les règles de l’hygiène et ne pas se débarrasser de leurs déchets n’importe comment », se défend A. Bouhenak, du service d’hygiène de l’hôpital.

Le professeur Abdelkrim Soukehal revient à la charge et tient à préciser que  «80% des déchets liés aux soins de santé ne sont pas dangereux et  les 20 % qui restent sont potentiellement dangereux et peuvent être infectieux, toxique ou radioactifs». Et d’ajouter «40% des cas d’hépatite et 2.5% des cas de VIH dans le monde sont provoqués par une exposition professionnelle».

Les déchets en période de pandémie

En cette période de pandémie, le traitement des déchets médicaux, appelés aussi, Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux (DASRI), représente plus que jamais un « enjeu majeur de santé et de salubrité publiques, au moment où les déchets produits par les hôpitaux connaissent une forte hausse dans les territoires les plus touchés par le virus.

Pour faire face à ce danger et éviter davantage de dégâts, NCC Environnement, société à responsabilité limitée, agréée par l’Etat, a développé une expertise spécifique dans ce domaine et ses équipes sont depuis plusieurs semaines fortement engagées sur ce front de la lutte contre le Covid-19. « Pour éviter tout risque pour la santé publique, les DASRI, comprenant en ce moment d’importants volumes de déchets infectés par le coronavirus comme les masques, les blouses de protection et tous les textiles sanitaires (compresses…), doivent être traités par voie thermique. Ils sont incinérés dans des fours d’unités agrées à une température de combustion située entre 1000 et 1100 °c. Cette solution par incinération permet d’éliminer efficacement tous les agents infectieux (bactéries, virus) ».

Selon ses responsables, « depuis le 16 mars de plans de continuité d’activité (PCA). Ces mesures sont régulièrement adaptées, en fonction de la situation réelle de chaque site (absentéisme, arrêt travaux, volume d’activité…), de la situation sanitaire du territoire et de son besoin. Elles complètent la mise en place des gestes barrières et des mesures de prévention et d’hygiène qui sont scrupuleusement respectés. Ainsi, pour faire face à une forte hausse des volumes de déchets médicaux à traiter, de l’ordre de 30 à 40% à Alger et ces environs, et dans les grandes villes du pays, les régions les plus touchées par le coronavirus ».

Sur le terrain, à cause de l’incivisme d’une partie de la population,  il reste beaucoup à faire pour éviter des contaminations causées par des bavettes utilisées et des flocons de gel hydroalcooliques vides jeté à même le sol.

Le 30 janvier, le nombre de patients atteints de Covid-19 est 1 742.

N.B: Cet article est publié dans le cadre “Initiative soutenue par MediaLab Environnement, projet CFI”

C.B