Appelée scandale géologique, château d’eau de l’Afrique de l’Ouest, premier exportateur de bauxite en Afrique, la Guinée, en dépit de l’immense potentialité du sous-sol, le pays est durablement en queue de peloton depuis plusieurs années selon les évaluations internationales IDH et autres.
La Guinée mérite-t-elle un classement aussi bas ? Non.
Cette immense potentialité si chantée et admirative dans les ouvrages invite à une réflexion profonde des décideurs du pays, les institutions, les acteurs sociaux sur la délicate situation de la Guinée, surtout les décideurs publics afin de formuler une offre politique d’envergure pouvant faciliter le réel décollage économique de la Guinée.
Très souvent, le bon sens est confronté à une kyrielle d’interrogations notamment :
Incohérence de stratégies dans la gouvernance du pays ?
Déficit et/ou insuffisance de vision de développement pour le pays ?
Absence de patriotisme économique ?
Impunité érigée en mode de gouvernance ?
Absence de définition des priorités par les gouvernants ?
Quoi d’autres encore…?
Du socialisme révolutionnaire à une économie dirigée avec ses hauts et bas, la Guinée s’inscrit dans un régime militaire moulé au délicat mot de « liberté » voire de libéralisme économique improvisé avec ses conséquences, au vent du multipartisme, de tentatives de réalisation de quelques travaux…..
Fin décembre 2008, une nouvelle transition parsemée de tâtonnements erratiques, de déficit de clairvoyance s’invita dans le jeu politique.
2010, le président Alpha CONDÉ élu nouveau président avec tant d’espoir et d’espérances mais les réalités après de dix ans d’exercice du pouvoir sont imbibées de diverses interprétations relatives à un timide effort dans la réalisation de travaux publics, la réforme de l’administration publique, d’annonces phares, du repli identitaire accentué, d’un laxisme à couper le souffle, un cycle de violences politiques, de marches inopportunes, de morts causés par l’irresponsabilité des acteurs politiques dans leur ensemble…On note également quelques points de croissance économique difficilement lisible sur le quotidien du guinéen moyen….Cette caractéristique rime-t-elle bien avec la définition de la croissance économique ?
L’effort de l’exécutif devrait être plutôt consacré à asseoir avec beaucoup plus d’exigences managériales le socle de tout processus de développement et/ou d’émergence du pays.
La configuration actuelle du monde impose un modèle hybride de gouvernance avec une forte dose Colbertiste et Listienne. Notre pays doit cesser d’être cet élève assez docile du FMI, la World Bank; la gouvernance doit s’inscrire dans la dynamique d’un État développeur en proie à devenir un État-stratège incontournable dans la Sous-région, sur le plan international aussi. Seul le travail permettra de réussir ce pari.
Un travail à caractère élitiste, la formulation d’une véritable matrice de développement intégrant l’éducation, la construction citoyenne et sociale, l’industrie, la justice, la sécurité, l’innovation technologique, la recherche & développement, l’attractivité pays, l’agrobusiness, la santé, les infrastructures, le management public pointu doivent être le leitmotiv pour l’exécutif.
Une mutation incrustée dans un dispositif institutionnel suffisamment paramétré afin de nous épargner d’une gouvernance à tâtons pouvant permettre une rectification de ratages des régimes précédents et ceux en cours.
La possibilité de réaliser ce grand bon ne peut être possible sans une réelle volonté politique et un leadership transformationnel conséquent. Toutes formes d’élucubrations seraient vaines avec son cortège de crises….
Mohamed Doussou KEITA, ÉCONOMISTE MANAGER