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Reporter, témoin des faits

[ACTU DE LA SEMAINE EN 3 QUESTIONS] Dr. Mory M. Diakité : “La lutte que Kemi Seba mène est noble et mérite d’être …”

REGARD D’UN UNIVERSITAIRE. Dr. Mory Mandiana Diakité a bien voulu se prêter aux Questions de la Rédaction de Farafinainfo.com. Et est revenu sur les faits marquants de l’Actualité de la Semaine écoulée en Afrique particulièrement l’arrestation du néo-panafricaniste béninois Kemi Seba en Afrique ; le Premier Ministre Ousmane Sonko accuse le régime Président Macky Sall de falsification des chiffres financiers du Sénégal ; la dissolution du FESCI en Côte d’Ivoire. [Actu de la Semaine en 3 Questions]

 

« …. cet acte s’apparente à des pratiques d’un autre âge digne des régimes insuffisamment démocratiques. »

 

1)– BÉNIN/FRANCE. “Kemi Seba a été interpellé à Paris. Le militant béninois a été interpellé lundi 14 octobre 2024 dans la capitale française. Le polémiste, connu pour ses positions anti-occidentales et pour ses liens avec la Russie, a été déchu de sa nationalité française en juillet dernier. Le motif de son interpellation reste inconnu” rapporte la presse française. Quel commentaire faites-vous de cette interpellation du néo-panafricaniste béninois Kemi Seba ?

 

L’interpellation de l’activiste, Kemi Seba, intervient dans un contexte marqué par la rupture des relations diplomatiques entre les pays de l’AES et l’ancienne puissance colonisatrice, en l’occurrence la France. Il a été arrêté le 14 octobre à Paris et détenu dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure, avant d’être relâché deux jours après. Il a été libéré sans poursuite judiciaire. Selon son avocat, qui a vivement dénoncé cette garde à vue, Kemi Seba était interrogé dans le cadre d’une enquête ouverte pour « intelligences avec une puissance étrangère en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France » – une infraction criminelle passible à de lourde peine d’emprisonnement.

Pour ma part, cet acte s’apparente à des pratiques d’un autre âge digne des régimes insuffisamment démocratiques. C’est un signal fort à l’encontre de tous ceux et toutes celles qui décideront d’emprunter le même chemin que lui, en critiquant ouvertement la politique française en Afrique et en s’attaquant au  franc. CFA, hériteront le même sort. C’est une manière de dire que le droit n’existe pas lorsque les intérêts sont menacés. En tout cas, lorsqu’il s’agit d’un Africain noir. Sinon, la lutte qu’il mène est noble et mérite d’être soutenue quitte à y laisser ses plumes. C’est l’occasion de remercier le Président du Niger, le Général Abdurahamane Tiani, pour son niveau élevé de panafricanisme et pour sa sagesse. Ce sont ceux qui trompent l’Afrique et les Africains en facilitant sa domination par des puissances étrangères, qui ne sont pas sages. Ce sont des traitres.

 

« … certains pays ont une croissance financière à deux chiffres, mais qui sont en tête de liste … »

 

2)– SÉNÉGAL/FMI.“ Lors d’un live, Ousmane Sonko a mis de côté son costume de Premier Ministre pour enfiler celui de leader du parti Pastef. Face aux Sénégalais, il a encore chargé l’ancien Président Macky Sall, qu’il a récemment accusé d’avoir falsifier les chiffres financiers sénégalais. Selon l’homme politique, Macky Sall et son régime ont fait bien pire. “, rapporte Seneweb tout en écrivant cette autre révélation : “Après l’audit général des finances du pays, certains ont nié. Mais ne vous inquiétez pas, dans quelques jours seulement, tous les Sénégalais verront ce que le Gouvernement sortant a fait. Il y’a quelques jours, j’ai reçu le FMI (Fonds Monétaire International, ndlr) dans mon bureau. Nous avons bien discuté. Je peux vous dire que les Sénégalais verront bien plus que ce que je leur ai déjà dit en termes de mal gouvernance, de carnage financier. Il est en train de sursauter, de payer des gens pour qu’ils répondent à sa place, mais ce n’est pas la peine.” “Le FMI salue l’audit général des finances (du Sénégal) et annonce son appui à l’État”, selon la presse. Quel regard portez-vous sur cet audit général des finances du Sénégal fait par les nouvelles autorités sénégalaises ?

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En ce qui concerne mon point de vue, c’est que je n’ai jamais cru aux chiffres fournis par-ci et par-là attestant la performance financière des États en Afrique noire. C’est souvent de la poudre aux yeux. Car, certains pays ont une croissance financière à deux chiffres, mais qui sont en tête de liste des pays pourvoyeurs de migrants, qui finissent, pour la plupart, leur rêve au fond des eaux glaciales de la méditerranée. Les évaluateurs de la performance de notre économie sont, le plus souvent, partiaux, agissant selon l’humeur des grands créanciers tapis dans l’ombre en Occident. À vrai dire, le développement dans nos États n’est fondé sur rien. La récession ou conjoncture financière est notre quotidien. Nos économies dépendent de l’étranger et des monnaies.

 

« … la dissolution de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) par les autorités est salutaire. »

 3) COTE D’IVOIRE/FESCI. Les autorités ont annoncé, (le jeudi 17 octobre 2024), la dissolution de toutes les associations étudiantes. La Fesci (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire est dans le viseur des autorités, après la mort, ces dernières semaines, de deux personnes de ses rangs. Le Ministère de l’Enseignement Supérieur a depuis entrepris une vaste opération d’assainissement au sein des campus.”, renseigne RFI. Quelle appréciation faites-vous de la dissolution de tous les syndicats étudiants ?

Comme l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM), la dissolution de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) par les autorités est salutaire. Pour comprendre le bien-fondé de cette dissolution, faisons une brève rétrospective sur cette organisation, de sa naissance et ses années de plomb. En effet, la FESCI, tout comme l’AEEM, a été créée en 1990 ou dans les années 90 dont l’objectif était de défendre les droits des étudiants qui ne leur étaient pas reconnus sous le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Mais force est de reconnaitre que le syndicat était historiquement proche du principal parti d’opposition, le Front populaire ivoirien (FPI). Pour ceux qui se rappellent de l’avènement de la démocratie en Afrique, savent de facto que l’année 1990 marque le début de ce long processus ayant entrainé beaucoup de morts. Très vite, ces organisations estudiantines ont fait l’objet de récupération de la part des hommes politiques. Ainsi, au début de son existence, la FESCI soutient la démocratisation du pays. Fortement politisée, avec les différentes crises d’identité qu’a connues le pays au fil des ans, ses membres ont commencé à s’entraîner de manière quasi-militaire, tout en introduisant des armes à feu au sein du campus universitaire. Des affrontements sanglants y éclataient chaque fois entre factions rivales roulant chacune pour un parti politique ou une identité ethnique. Cette culture de violence va rester ancrée dans son fonctionnement. Elle s’est rapidement fait connaître par ses méthodes brutales : bastonnades, expulsions des chambres et interruptions de cours. Bref, sa dissolution était prévisible, d’autant plus qu’elle s’était largement éloignée de ses objectifs à sa fondation. Il en est de même pour l’AEEM.

Toutefois, sa dissolution me fait dire qu’elle n’était pas favorable au régime en place, qui la juge encombrante, par conséquent, décide d’en découdre avec elle une fois pour toute. Sinon, si elle lui était favorable, elle aurait certainement survécu pour quelques années. En Afrique, la jeunesse se bat pour une chose et son contraire.

Rédaction de Farafinainfo.com

 

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