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Biodiversité en Algérie : La faune et la flore menacées de disparition

3 139 espèces floristiques sont menacées de disparition à cause de la « dégradation des habitats naturels, suite au développement de multiples infrastructures, l’urbanisation croissante, les incendies récurrents, les défrichements et labours des écosystèmes fragiles, l’érosion des sols, la sécheresse prolongée, et l’exploitation anarchique » selon la direction générale des forêts (DGF)

Reportage de Chahreddine Berriah pour Farafinainfo.com

La même source attire la sonnette d’alarme concernant le faune « l’Algérie abrite 483 espèces animales recensées (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens), classées menacées de disparition ».

 A Tlemcen, dans l’ouest algérien, pour ne parler que de cette région, le parc national de Tlemcen a enregistré une « baisse significative du nombre d’oiseaux migrateurs et sédentaires dans les plans d’eau de la wilaya » a indiqué, jeudi dernier, la chef de département des ressources naturelles, Khadidja Moulay Meliani à l’agence officielle (Algérie Presse service). Et de préciser « après l’inventaire des oiseaux migrateurs établi en hiver, entre le 17 et le 26 janvier dernier, une « baisse significative » des oiseaux migrateurs et sédentaires dans les différents plans d’eau de la wilaya, où ils ont recensé 4.722 oiseaux contre 12.000 à la même période de l’an dernier »

La même responsable a également relevé une « quasi absence d’oiseaux au niveau du lac de « Dhaya El Ferd », classée zone humide, et s’étendant sur une superficie de 1.275 hectares », soulignant, en outre, que ce « lac est la région qui attire le plus d’oiseaux ces dernières années, sachant qu’elle enregistrait avant sa sécheresse quelque 35.000 oiseaux ».

La même source explique ce recul qui est dû à la  « baisse du niveau d’eau, en raison de la faible pluviométrie et les conditions climatiques prévalant, en plus des labours aléatoires des agriculteurs, non loin des zones et la chasse à l’intérieur des plans d’eau et les barrages avec l’utilisation de filets qui empêchent les déplacements et la stabilité des oiseaux ».

Baisse significative des oiseaux migrateurs

Il faut noter que l’Algérie compte huit parcs nationaux pour préserver des écosystèmes présentant un intérêt particulier en termes de biodiversité. Cependant, ces aires protégées occupent « une très faible » superficie qui est de 165.361 ha, soit 0,007 % du territoire national et ne sont représentées que dans une seule catégorie qui est « le parc national ».

Pour les zones humides, on a identifié  2.375 zones humides apparentes (2.056 zones humides naturelles et 319 artificielles)

S’agissant des zones de montagne, les enjeux liés aux problèmes d’érosion sont perçus, tant au niveau de la dégradation du capital sol  qu’au niveau de la mobilisation de la ressource eau, comme élément vital pour le développement, note la DGF.

Pour ce qui est de la ressource en eau, l’Algérie consacre un effort « considérable » dans la construction de barrages pour mobiliser la ressource en eau pour l’alimentation en eau potable et pour irriguer les terres agricoles potentielles.

Toutefois, ces barrages, au nombre de 75 actuellement d’une capacité de stockage de 7,4 milliards de m3, rappelle la DGF, subissent une perte considérable de leur capacité en raison de leur envasement dû à l’érosion hydrique de leur bassin versant en amont.

Selon Menad Beddek, auteur de la thèse de doctorat en Ecologie et biodiversité “A ce jour, on ne dispose d’aucun inventaire complet pour aucun taxon ni aucun atlas à l’échelle du pays! La façade littorale de l’Algérie fait partie du hostpot de biodiversité mondial qui est le pourtour méditerranéen et compte plusieurs points rouges de biodiversité régionaux”.

 Par ailleurs, la partie saharienne contient une diversité d’organismes endémiques adaptés aux fortes conditions de sécheresse. Une partie de ce manuscrit traite la question de l’ignorance de la distribution géographique des espèces.

Saida Laouar, ingénieur d’Etat en environnement, indique pour sa part que “la richesse de la biodiversité nationale naturelle et agricole compte environ 16 000 espèces. On y rencontre du Nord au sud, des zones côtières, des zones montagneuses, des zones steppiques, des zones forestières, des zones humides et des zones sahariennes.

Malheureusement, d’immenses menaces pèsent sur ce patrimoine qui se trouve soumis à des risques importants de dégradation. Les menaces et les pressions qui pèsent sur la biodiversité sont d’ordre naturelles (sécheresse, incendies, pollution…) Les forêts et les zones humides représentent les écosystèmes les plus dégrades. Les écosystèmes terrestres les moins productifs (zones steppiques et sahariennes) connaissent également une diminution de leur biodiversité. Quant aux écosystèmes marins et littoraux, ils sont confrontés à de très fortes pressions anthropiques (surpêche, pêche à la dynamite, tourisme sauvage) qui affectent négativement l’état de la biodiversité….”

Face à cette tragédie, le gouvernement a engagé des « actions de protection et de conservation de tous les espaces d’intérêt bio-stratégique et d’intérêt écologique majeurs. Le développement des aires protégées constitue la pierre angulaire de la conservation de la diversité biologique, la planification et la gestion des aires protégées, l’encouragement de la participation des populations locales dans la gestion et le renforcement des capacités dans les aires protégées sont des préoccupations intégrées dans les plans sectoriels de développement durable… »

Force est de constater que ces actions (décisions politiques) n’ont toujours pas donné leurs fruits sur le terrain et la biodiversité continue de mourir à petit feu…

C.B

N.B: Cet article est publié dans le cadre “Initiative soutenue par MediaLab Environnement, projet CFI”