Arrêtons de nous payer de mots : à ce compte, aucun test, aucun vaccin, aucun confinement ne viendra à bout du Coronavirus. Il aurait fallu dès le début prendre le taureau par les cornes, ou plutôt le virus par la bonne éprouvette, celle du ‘’ tout-monde ’’ pour parler comme Edouard Glissant.
La pandémie que nous vivons ou dont plus exactement nous mourrons n’est pas l’armée d’un pays ennemi, elle est l’ennemie de tous. Paradoxalement, cette sale bestiole porte une qualité devenue rare de nos jours : aucun sens de la ségrégation ! Elle n’est ni raciste ni xénophobe, ni homophobe, ni christianophobe, ni misogyne, ni islamophobe. Elle aime tout le monde, elle embrasse tous les êtres humains qu’elle rencontre, et si fort que bien des fois, elle les asphyxie.
Disons les choses qui fâchent : le mal ne recule pas malgré le tapage des grands de ce monde. Elle ne recule pas parce jusqu’à ce jour, on a pris à la légère une très sérieuse affaire. Alors que l’OMS estime à plus de 200 millions le nombre de cas infestés, et à plus de 4 000 000, le nombre de victimes, alors qu’aucun atoll du Pacifique n’échappe à ce terrible ravage, chacun balaye devant sa porte. Comme le disait De Gaulle, chaque Etat s’occupe ‘’ de sa petite soupe, sur son petit feu, dans sa petite marmite ’’. Le sort du genre humain importe peu : l’odeur du fric et la voie étriquée du nationalisme, rien d’autre !
A quoi cela sert-il que la Grande-Bretagne soit confinée tel jour, la France, la Belgique ou l’Italie, tel autre jour ? Je l’ai déjà dit plus haut, Coronavirus ne comprend rien aux races, il ne comprend non plus rien aux frontières. Cet immigré illégal s’infiltre, partout sans carte de séjour, sans passe sanitaire et sans visa. Mais on l’aurait sûrement stoppé si on avait agi de concert.
Un confinement mondial de quelques semaines aurait eu raison de ce cruel ennemi. Un vaccin unique ou tout au moins des vaccins compatibles et mutuellement validés nous auraient sauvés du péril. Je dis bien péril, et un péril de grande taille ! Ecoutons plutôt ce qu’en dit Larry Brilliant. Dans une interview accordée notre confrère, Nice Matin, cet épidémiologiste américain considère que le variant Delta est ‘’ probablement le plus contagieux de tous les temps ’’ et lance un sérieux cri d’alarme : ‘’Je pense que nous sommes plus proches du début que de la fin, et ce n’est pas parce que le variant que nous observons actuellement va durer si longtemps…À moins que nous ne vaccinions tout le monde dans plus de 200 pays, il y aura toujours de nouveaux variants’’.On est loin du compte. A ce jour, 15 % de la planète a été vaccinée et seulement 5% dans une centaine de pays !
Normal ! Les compagnies pharmaceutiques ne pensent qu’à leur profit et les dirigeants des grandes puissances, qu’aux prochaines élections. A se demander si nous vivons sur la planète qui fut celle de Pasteur ! Les nouvelles générations savent-elles que ce grand homme, cette belle âme, pour sauver ses semblables, a pris le risque (très élevé pour l’époque) de s’auto-administrer le vaccin de la rage ? Le vaccin qui est à l’origine de tous les autres vaccins ! Pasteur est mort, hélas et rien ne dit qu’un homme de sa taille viendra.
Tant-pis pour le genre humain !
Aujourd’hui est un autre jour, plus question de philanthropie ! Si Coronavirus est une maladie pour Paul, c’est une bonne affaire pour Jacques. Comme le dit le proverbe peul, ‘’la vie est une rivière de larmes : certains les versent, d’autres s’en désaltèrent’’.
Tierno Monénembo
Source : Le Point