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Reporter, témoin des faits

Guinée : 63 ans après l’indépendance, quel héritage du Président Ahmed Sékou Touré ?

Dossier – Célébration de l’indépendance de la Guinée – Le défunt Président Ahmed Sékou Touré est le père de l’indépendance de la Guinée pour avoir dit non au Général Charles de Gaulle et prononcé le discours proclamant l’indépendance de la République de Guinée. Notre reporter a rencontré des Guinéens. Ces derniers parlent de son héritage…

Reportage d’Odine Bitki

Ahmed Sékou Touré est incontestablement le héros de l’indépendance de la Guinée et a dirigé la République de Guinée durant vingt-six (26) ans. Oumar Sacko se souvient de cet homme et décline ses réalisations : «Il (Ahmed Sékou Touré) est le père de l’indépendance de la Guinée et a préservé les riches du pays en empêchant qu’elles soient dilapidées par les blancs. Le Président Sékou Touré a suscité le sentiment national voire nationaliste chez ses compatriotes, l’attachement passionné à la Nation Guinéenne pour permettre aux Guinéens de communier.»

Les ressources naturelles préservées

Même son de cloche chez Nongho Mansaré : «Le régime du Président Ahmed Sékou Touré a fait asseoir de véritables bases dans certains domaines notamment dans le domaine des infrastructures : usines industrielles dans certaines préfectures, institut d’agronomique de Faranah, une référence en Afrique, Palais du Peuple, Palais des Nations (Palais Mohammed V, ndrl) etc. Dans le domaine sécuritaire, les Guinéens se sentaient en sécurité. La promotion de l’éducation pour tous et la valorisation de nos langues nationales». Sansa Mansaré abonde dans le même sens : «(Le Président) Ahmed Sékou Touré a laissé de nombreuses infrastructures dignes du nom : Palais du Peuple, Palais des Nations, des usines industrielles, une compagnie aérienne de plusieurs avions, la préservation des ressources minières du sol et du sous-sol… »  

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Le non et ses conséquences

Alpha Diallo se souvient du responsable suprême de la révolution guinéenne et en parle tout en mentionnant les «causes du retard» de sa Guinée natale: «Pour moi, Sékou Touré est décédé laissant ses compatriotes unis. C’était le socialisme certes, mais en coupant le pont entièrement avec la France, le Responsable Suprême de la Révolution guinéenne s’est compliqué la tâche du développement de la Guinée. Je pense que c’est l’une des causes du retard de notre pays».  Comme pour ainsi dire que la France, qui n’envisageait pas du tout cette façon de rupture des liens avec sa colonie Guinée, n’a pas lésiné sur les moyens d’empêcher Sékou Touré de dérouler son programme de développement. En témoigne la confidence de Mohamed Lamine Sylla : «Sékou Touré s’est battu pour obtenir l’indépendance de la Guinée en ces termes : «Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage». Personnellement, j’aime entendre encore et toujours cette belle phrase qui n’est qu’une simple demande de souveraineté d’un peuple qui a tant souffert de la colonisation, mais elle est à la base de notre retard, parce que le Général de Gaulle, qui n’a pas compris le sens de la demande de souveraineté, a agi autrement : je vais vous rendre souverain, certes, mais dans la pauvreté».

« Le culte de la personnalité »

A la différence des autres personnes interviewées, Mamadou Yaya Sow aborde tout autre sujet. «Nous avons beaucoup apprécié son attachement à l’indépendance totale de la Guinée, mais tout cela se faisait avec une persistance du culte de la personnalité et de l’arbitraire notamment l’affaiblissement des institutions du pays, surtout la justice, » a-t-il laissé entendre. Un tel est l’héritage du Président Ahmed Sékou Touré, selon nos différents interlocuteurs.

Odine Bitki