Hafidjouh Baldé, Entrepreneur : “Qui peut en vouloir au Président Embalo’ et pour quelles raisons ?”
Ce lundi 07 février 2022, la Rédaction de Farafinainfo.com a fait réagir l’un de ses chroniqueurs, Hafidjouh Baldé, Juriste & Chef d’entreprise de son état aux faits marquants de l’actualité de la semaine écoulée en République de Guinée et dans la sous-région – Actu de la Semaine en 3 Questions – Entretien …
Umaro Siccoco Embalo’, Président de la République de Guinée –Bissau, a échappé de peu à un renversement de son régime le mardi 1er février. Pensez- vous que la formation militaire (Général de Brigade et Spécialiste des questions de Défense) et sa jeunesse ont joué en sa faveur pour déjouer la tentative de coup de force?
La vague de coups d’État qui souffle en Afrique de l’Ouest récemment n’a pas épargné la Guinée Bissau. La question, qui s’est posée, est de savoir qui peut en vouloir au Président Umaru Cissoco Embalo’ et pour quelles raisons ? Contrairement à la Guinée où Alpha Condé avait brigué un troisième mandat et faisait régner la terreur, contrairement au Mali et au Burkina Fasso où les dirigeants déchus apparaissaient comme des valets de la francafrique, la Guinée Bissau donnait plutôt l’impression d’être à l’abri des raisons populaires qui pouvaient amener un coup d’État même si ce » petit paradis géographique et minier » est habitué à ce genre de péripéties. Le Président Umaru Cissoco Embalo avait pourtant, en si peu de temps, réussi à mettre son pays sur la voie de la stabilité . Il a toujours rassuré quant à son obligation de respecter la Constitution et de ne jamais briguer un troisième mandat. Il avait également réussi améliorer le PIB (Produit intérieur brut, ndrl) de son pays. Il avait aussi réussi à calmer complètement les contestations sociales, qui ébranlaient le pouvoir de son prédécesseur. Il a aussi et surtout effectué des changements au sein de son appareil sécuritaire et donné de gages de stabilité en son sein. La Guinée Bissau avait même réussi, sous sa houlette, à attirer des investisseurs et à envisager la réalisation de grands projets tels que celui d’exploitation commune avec le Sénégal, de gisements de pétrole à leur frontière commune. Donc tout semble indiquer que le président Umaru Cissoco Embalo doit son salut au fait que sa personnalité et son pouvoir constituent, pour son peuple et son armée, un espoir de développement, une garantie de stabilité.
Le CNT (Conseil National de la Transition) a tenu sa session inaugurale le samedi dernier. Évoquant l’une des missions de cette importante institution de la Transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, Président de la Transition, avait tout récemment dit : «Nous avons décidé de dépersonnaliser la vie politique. Donc, qui suis-je pour imposer une date aux Guinéens ? Je pense que le Conseil National de la Transition qui regroupe toutes les composantes de la Nation pourra vraiment décider du chronogramme de la Transition et du délai qu’il faut pour soigner tous les maux qu’on a dans notre pays, pour pouvoir revenir à un cours normal de la vie politique».
Ousmane Gaoual Diallo, Ministre Porte-parole du Gouvernement, a déclaré sur les ondes de la radio Espace : «Il appartient au CNT de se pencher sur la durée de la Transition (…) La préoccupation fondamentale pour les Guinéens est d’avoir un pays stable et réconcilié …».
Dr. Dansa Kourouma, Président du CNT, a laissé entendre : «La durée de la Transition ne sera ni courte, ni trop longue, …». Que retenez-vous de ces trois déclarations ?
De nombreuses déclarations ont été faites avant la session inaugurale du CNT. C’est notamment le cas du Colonel Mamadi Doumbouya, Président de la Transition, de Monsieur Ousmane Gaoual Diallo, Ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire/Porte parole du Gouvernement de la Transition. Et celle du très controversé Président du CNT, Monsieur Dansa Kourouma. Les déclarations de ces trois personnalités convergent vers la durée de la transition actuelle. Les deux deux premières indiquent qu’il appartient au CNT de déterminer une telle durée, tandis que la troisième personnalité estime que cette « durée ne sera ni courte, ni très longue ». Pour le Président de la Transition, il est important que la durée de la Transition ne soit pas imposée par lui même. Sachant bien que la durée de cette transition risque d’être une source de discorde entre la junte et la communauté internationale. Il pourra se servir du CNT, représentant toutes les composantes de la société guinéenne, comme rempart , en cas de sanctions contre la Guinée de la part de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et de l’UA (Union africaine). Mais cela ne doit pas occulter les préoccupations de beaucoup de Guinéens et d’une frange importante de la société civile, qui mettent le Colonel Mamadi Doumbouya en garde contre toute velléité de rester longtemps au pouvoir et de vouloir utiliser le CNT comme simple chambre de validation de ses intentions. Ces préoccupations se sont transformées en soupçons lors de la nomination de Dr. Dansa Kourouma à la tête du CNT sachant bien que dernier a soutenu et plébiscité le troisième mandat du Président Alpha Condé. Ces mêmes soupçons se sont accrus à la lumière de l’analyse du comportement décisionnel du Colonel Mamadi Doumbouya. Ce dernier a réagi vite et est revenu sur sa décision en limogeant son ancienne Ministre de la Justice et des Droits de l’homme. Parce que cette dernière tenait tête appartement à son pouvoir. Mais les multiples contestations du peuple, de la classe politique et la société civile de la nomination de Mr Dansa Kourouma, personnalité controversée et contestée, ne lui ont nullement dérangé. C’est comme si ce qui dérange son autorité le dérange mais ce qui dérange la majorité du peuple de Guinée ne le dérange pas. Quant à Dr Dansa Kourouma, une telle affirmation de part laisse présager un équilibre dans la prise en compte des différentes préoccupations liées à la durée de la transition. Mais le caractère « caméléon » de sa personnalité n’inspire nullement confiance. Si la junte envisageait d’imposer une longue période de transition, il en sera un catalyseur. Si la junte reste sincère et envisage une période raisonnable, il en sera un catalyseur. Néanmoins, la présence de certaines personnalités dignes de confiance comme Me (Mohamed) Traoré au sein de cette institution, est un signe de garantie et d’espoir.
Quel regard portez-vous sur la 33ème édition de la CAN (Coupe d’Afrique des Nations) organisée au Cameroun dans un contexte de crise sanitaire, la Covid-19 : une belle CAN quand même terminée par la victoire des Lions de la Teranga du Sénégal ?
La 33e édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football, qui s’est déroulée au Cameroun, a été, pour moi, une source de leçons. Malgré le Covid 19, le mauvais état de certaines pelouses et la mauvaise organisation, prêtée à l’avance au pays organisateur, cette CAN nous a procuré du suspens et du bonheur. L’une des leçons, à en tirer, est qu’il n’y a plus de petites équipes et qu’il ne faut minimiser aucune équipe. Les Comores et la Gambie nous ont prouvé cela à suffisance. Une des leçons à tirer ce cette couronne continentale à son pays pour la première fois et en ramenant cette coupe dans la sous-région oust-africaine.
Bravo aux Lions de la Teranga (du Sénégal) ! Bravo au Cameroun pour l’organisation de la compétition ! Merci à toutes les équipes qui ont participé pour la qualité du jeu, la joie procurée, la passion
Rédaction de Farafinainfo.com