Parcours inspirants de Fafarafinainfo.com – Khally Diallo Rochigneux n’est plus à présenter en République Islamique de Mauritanie et est sur tous les fronts du militantisme pour venir en aide de ses compatriotes mauritaniens après avoir mis sa carrière de journaliste entre parenthèses. Dans cette interview, ce fondateur-président de la Marmite du Partage retrace son parcours militant, parle de ses réelles convictions et évoque la véritable raison de son activiste humanitaire. Interview …
Vous avez apparemment mis votre carrière de journaliste entre parenthèses pour vous consacrer exclusivement au militantisme qui vous affectionne tant, quelle est la raison de ce choix ?
J’ai mis une parenthèse à ma profession de journaliste pour militer, pour me battre pour les miens car, d’abord le travail de journalisme, c’est la neutralité. Et, je ne peux pas être neutre dans la situation actuelle que traverse mon pays.
N’étiez-vous pas satisfait de votre parcours en tant que journaliste ?
Je suis très satisfait de mon apport en tant que journaliste, qui a participé à la mise en place et au démarrage de la première télévision privée en Mauritanie, Sahel TV avec mon adorable Directeur Bah Ould Saleck, un homme bon et sincère. J’ai vécu une magnifique, mais très courte expérience avec cette télévision qui, entre-temps, est devenue une télévision qui applaudit au lieu d’informer, alors j’ai démissionné. Et c’est ce dégoût, qui a fait que j’ai tourné le dos au journalisme en Mauritanie, c’est un métier noble, certes, mais sans aucune valorisation en République Islamique de Mauritanie, hélas !
D’où est venue l’idée de l’activisme social sous la bannière de la Marmite du Partage ?
L’engagement et le militantisme sont ma vie depuis tout petit, alors je ne peux pas abandonner cela, car la Mauritanie étant un pays plein de contradictions et d’injustices. Nous devons nous battre pour faire évoluer les mentalités afin d’amener les décideurs à appliquer la justice, l’équité entre tous les Mauritaniens, ce qui n’est pas le cas pour le moment.
Quelle est votre plus grande satisfaction de poursuivre d’année en année cette belle aventure humanitaire annoncée dans la salle de spectacles de l’Ifm (Institut français de Mauritanie) le dimanche 1er juillet 2012?
Mon bonheur et ma force résident d’année en année dans le plaisir de rendre service, d’être utile à mes compatriotes, mais surtout de voir nos efforts impactés positivement sur la vie de nos sœurs et frères démunis, qui ne demandent qu’à être aidés dans le respect de la dignité humaine. C’est juste passionnant, surtout d’aller aider d’autres personnes et revenir avec un sentiment du devoir accompli, d’avoir réalisé des œuvres salutaires d’ici-bas et d’au-delà.
Une aventure humaine, qui dure et perdure d’année en année, ne cesse de drainer des nouveaux soldats humanitaires chaque année. Quel est votre secret du leadership ?
Mon secret du leadership c’est de donner de la force aux jeunes, qui ne pensaient pas pouvoir agir d’eux-mêmes, c’est de faire confiance et laisser chacun exprimer sa créativité. Mais surtout aussi d’enseigner l’amour de l’autre, le sens de la vie et du partage. Tout cela crée une ambiance humanitaire. Bien sûr, la présence de la gent féminine est un très grand atout humanitaire, car les femmes sont la force motrice incontestable de notre leadership.
Quel regard portez-vous sur le parcours et les réalisations de la Marmite du Partage depuis son début ?
Je suis juste fier de toutes nos réalisations sociales, mais surtout de la construction d’une génération humanitaire dans notre pays. Aujourd’hui, quand je vois certains, qui ont fait leur tout premier pas humanitaire avec la Marmite du Partage, se lancent dans l’humanitaire et créent leur propre association. C’est un profond et immense bonheur, car, au moins, je suis persuadé que notre vie et nos actions d’ici-bas seront dans une continuité, et c’est rassurant !
Parlez-nous de la nouvelle innovation de vos services cette année : «un démuni, un toit»
Un démuni un toit, c’est un projet que nous avons, d’abord essayé, il y a cinq (5) ans, disons en 2017. Et cette année, avec notre partenaire humanitaire, nous avons décidé de mutualiser nos forces et mettre notre énergie ensemble. Nous avons construit des baraques, des toilettes pour le grand bonheur des démunis. Et cela c’est un véritable honneur qu’Allah nous a faits.
Quel regard portez-vous sur la presse mauritanienne depuis l’avènement des réseaux sociaux ?
La presse mauritanienne est délaissée et détruite par le manque de liberté d’expression, mais aussi à cause des emprisonnements de journalistes. Les réseaux sociaux sont venus avec leurs lots de désagréments, certes, mais, ils ont démocratisé l’information et il faut s’y adapter.
Qu’est-ce qui a profondément changé depuis l’élection du Mohamed Ould Ghazouani ?
L’impunité, les discours haineux et l’injustice sont légions depuis l’élection du Président Ghazouani. Et voilà trois ans que le Président de la République est là ! Il tâtonne et ne tient pas ses promesses de campagne présidentielle. Là où c’est beaucoup plus flagrants : les logements sociaux, qui ont été promis par le candidat Mohamed Ould Ghazouani, ne sont toujours pas disponibles jusqu’à présent. Et la loi, protégeant la femme mauritanienne contre les violences, n’est toujours pas votée.
Interview exclusive – Parcours inspirants – réalisée par Lala Aïcha Housseine Camara