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Reporter, témoin des faits

Témoignage : 𝐇𝐚𝐝𝐣𝐚 𝐒𝐚𝐫𝐚𝐧 𝐃𝐚𝐫𝐚𝐛𝐚, l’une des témoins du Camp Boiro s’exprime enfin.

« Le camp Alpha Yaya abrite l’une des prisons les plus dures du pays, le camp Alpha Yaya Diallo de Gbessia. On en a entendu parler ? La prison de Kindia c’est l’une des prisons les plus dures de ce pays, on n’en parle pas.

Pourquoi ? Parce que la manipulation est allée jusqu’à hiérarchiser les prisonniers. Moi j’ai perdu mes parents au camp Boiro. 22 officiers supérieurs de l’armée guinéenne sont morts au camp Boiro et j’ai perdu 41 personnes de ma famille à Kindia. Pourquoi on a réduit notre histoire à l’histoire des prisons politiques ?

Pourquoi alors qu’on a fait la renaissance culturelle africaine ? C’est grâce à la Guinée que la culture africaine a été valorisée à la fin du 20ème siècle, qu’on aime la Guinée ou pas. On a créé les orchestres, on a commencé à jouer les chansons guinéennes. Chaque année, il y avait un festival national des arts et de la culture, pourquoi on n’en parle jamais ? On a intégré les femmes dans l’armée, pourquoi on n’en parle pas ? Nous sommes morts pour que les autres Africains deviennent libres. C’est nous qui avons libéré la Guinée-Bissau.

La Guinée-Bissau est devenue indépendante grâce à nous. L’Angola, le Mozambique, l’apartheid en Afrique du Sud, les premiers fonds pour acheter les armes pour l’ANC c’est la Guinée qui a donné. La Namibie, le Zimbabwe, vous avez entendu le président ougandais quand il est venu ? Il dit qu’il est venu en pèlerinage. Nous n’avons pas voulu vous dire la vérité. Vous savez pourquoi ? Vos parents n’ont pas voulu vous dire la vérité parce que chacun est coupable.

Chacun est coupable mais c’est plus facile d’accuser quelqu’un qui est mort et qui ne peut pas se défendre, on a tout mis sur le dos du président Sékou Touré. Le président Sékou Touré ne torturait pas au camp Boiro, il n’était pas là-bas. Il a plein de ses amis qui sont morts au camp Boiro, qui sont morts à Kindia, ce n’est pas lui qui torturait.

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Et pendant 26 ans il n’a pas conduit la Guinée seul, il avait une équipe, et c’est pourquoi ça a duré 26 ans. Il y a des générations de jeunes parmi vous qui ont étudié à l’extérieur, l’argent pour leurs études est venu d’où ? Il y avait des boursiers. Mais après quand le président Sékou Touré est mort en 1984, qu’on a renié toutes nos relations avec les pays amis, les gens ont payé de leurs poches.

De 1984 jusqu’à maintenant, ceux qui ont étudié, l’argent est sorti d’où ? Posez-vous des questions. Vos parents ne vous ont pas dit la vérité parce que chacun est coupable de quelque chose. Et il ne veut pas parler de l’autre parce que celui-ci va dire pour lui. Si tu dis pour moi je vais dire pour toi. C’est pourquoi vos parents n’ont pas parlé, chacun a un reproche à se faire.

Feu Aboubacar Somparé, paix à son âme, je lui ai dit : ‘’Abou, il faut que notre génération témoigne devant l’histoire. Moi j’ai parlé à mes enfants, mais vous, vous n’avez pas parlé à vos enfants et beaucoup de Guinéens n’ont pas parlé à leurs enfants et leurs petits-enfants.

On avait 114 entreprises nationales publiques quand le président Sékou Touré mourait. C’est nous qui fournissions le cahier à l’Afrique de l’ouest, on avait la plus grande imprimerie de l’Afrique de l’ouest, l’imprimerie Patrice Lumumba. C’est nous qui fournissions les tôles à toute l’Afrique de l’ouest SOGUIFAB…

Par Nanamoudou Djata Keïta