Tribune: Monsieur le Président de la République, le panier de la ménagère est tiré très fin. Lâche de ma part de me taire
Par Hélène Benjamin-Diané
L’autonomisation, la promotion et la protection de la femme a toujours été pour moi et pour l’ONG Protection Fille Femme de Guinée une profonde préoccupation. C’est pour cela que dès la création de notre structure nous avions porté un axe prioritaire sur l’autonomisation économique des femmes dans les milieux défavorisés. À notre actif plus de quatre-vingt-dix femmes ont bénéficié et continuent de bénéficier de nos programmes de formation d’activités rémunératrices de revenus.
Notre principal souci est de sortir le plus grand nombre de femmes de l’extrême pauvreté et de les rendre financièrement indépendantes. Dans cette dynamique, en addition des formations gratuites, des activités formatrices de revenus que nous offrons à nos groupements féminins, nous assistons également les femmes pour les fonds de commerce. Nous prenons en charges les frais médicaux des femmes notamment celles en état de famille et nous accompagnons des centaines de filles chaque année dans leur scolarisation.
Nul ne doute que le développement d’un pays passe par la participation active des femmes dans tous les secteurs formels et informels de la nation. Par ailleurs, nous assistons ces derniers temps à la paupérisation grandissante de cette couche socle de la quiétude sociale.
La dernière augmentation du prix de carburant en Guinée vient augmenter une couche de plus sur la difficile vie de la femme guinéenne. Sans mesure d’accompagnement palpable, la hausse des prix d’hydrocarbure vient toucher de plein fouet le panier de la ménagère qui ne cesse de s’amenuiser.
Pour paraphraser un député de la République qui a dit en son temps [“konkoe et kobokobo ne viennent pas dans conteneur”]. Il est bien vrai, mais le carburant qui monte transporte ces denrées d’un point A à un point B. Je me rappelle avoir acheté un kilo de viande filet à quatre-vingt mille (80 000) Franc Guinée il y a un an de cela dans un grand marché de la place. La grande inquiétante en Guinée est que les prix ne redescendent quasiment plus une fois hausser.
Dans un pays où chaque citoyen fixe pratiquement le prix à la fantaisiste de ses marchandises, sous le regard impuissant de l’État, le panier de la ménagère n’a pas fini de souffrir. Actuellement dans les marchés pour faire une bonne cuisine quarante mille GNF ne suffisent pas. Les femmes sont obligées de faire des pieds et des mains pour mettre la nourriture dans les marmites.
Dans un pays où les hommes sont de plus en plus au chômage et que les rôles se renversent, les femmes sont devenues celles qui supportent la famille la plupart dans les secteurs informels.
Le Président de la République a pourtant dédié ses mandats aux femmes et aux jeunes. Plus particulièrement le combat mené pour la 4ème République était basé sur l’autonomisation des femmes, c’est pour cela qu’on a vu créer un nouveau ministère d’autonomisation et des droits des femmes pour effectivement booster la capacité de productivité de la couche féminine.
Il serait lâche de ma part de ne pas adresser cette question d’augmentation du prix de carburant qui est étroitement lié au panier de la ménagère. Si la vision du Président de la République est de faire de la Guinée 2ème puissance économique de l’ouest africain derrière le géant économique du Nigeria, il faut d’ores et déjà stabiliser le panier de la ménagère. La femme Guinéenne qui se lève à 4 heures – 5 heures du matin fournie beaucoup d’effort pour un gain minimale.
En tant que femme, activiste des droits des femmes, femme professionnelle et femme au foyer, je lance un appel aux autorités de continuer à protéger et à appuyer les femmes porteuses d’économie. Les fonds doivent être alloués au groupement de femmes, aux ONGs qui accompagnent les femmes dans leur émancipation afin d’apporter un équilibre si petit soit-il à leur vie.
Tribune de Helene Benjamin-Diane, Présidente Fondatrice de L’ONG Protection Fille Femme de Guinée – PFFG. Une ONG apolitique à but non lucratif.